Thorstein Veblen
Thorstein Bunde Veblen est un économiste et sociologue américain. Il était membre de l'Alliance technique fondée en 1918-19 par Howard Scott, qui donna naissance au Mouvement technocratique.

Catégories :
Sociologue américain - Économiste américain - Institutionnalisme - Sociologue positiviste - Positivisme - Courant philosophique - Sociologue du loisir - Naissance en 1857 - Décès en 1929
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Naissance | 30 juillet 1857 Wisconsin (Etats-unis d'Amérique) |
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Décès | 3 août 1929 (à 72 ans) Menlo Park, Californie (Etats-unis d'Amérique) |
Nationalité | Norvégienne-Américaine |
Champs | sociologie, Économie |
Célèbre pour | sociologie des sciences, consommation ostentatoire, effet Veblen, institutionnalisme américain... |
Thorstein Bunde Veblen (1857 - 1929) est un économiste et sociologue américain. Il était membre de l'Alliance technique fondée en 1918-19 par Howard Scott, qui donna naissance au Mouvement technocratique.
Biographie
Veblen est né aux États-Unis dans le Wisconsin dans une famille rurale d'immigrés norvégiens. La langue d'usage à la maison était le norvégien. Il garda des contacts avec la culture scandinave en séjournant en Norvège à plusieurs reprises et en traduisant en anglais des sagas islandaises. Sa famille est luthérienne, pratiquante, austère, mais Veblen devient athée. Il change d'université et de ville à de nombreuses reprises, en partie pour des raisons sentimentales.
Pensées vebleniennes
La consommation ostentatoire
Esprit extrêmement caustique, il s'intéressa à la partie cachée de l'iceberg économique : les motivations des acheteurs. Considérant la classe à l'abri des besoins matériels immédiats et de la contrainte du travail autre que souhaité (qu'il appelle la classe de loisir), il y trouva principalement la vanité et le désir de se démarquer de son voisin. Il note que par sa consommation l'élite gaspille du temps et des biens. Elle fait du gaspillage du temps, soit le loisir, et du gaspillage des biens, soit la consommation ostentatoire, ses priorités. A titre d'exemple, une de ses pages inoubliables dans sa Théorie de la classe de loisir (1899) concerne le lustre de l'étoffe, prisée dans les chapeaux car permettant de montrer qu'on les change fréquemment, et reconnu défavorablement pour les pantalons parce qu'il montre qu'au contraire on ne l'a pas changé depuis longtemps. Tandis qu'il s'agit du même lustre ! Il n'y a par conséquent pas selon lui d'esthétique dans l'affaire, mais simplement une émission de signifiants de puissance qui est la raison d'être de la consommation ostentatoire (conspicuous consumption). Ce concept est fondateur en sociologie et on le retrouve sous une forme ou une autre dans la sociologie de Pierre Bourdieu, de Robert K. Merton et dans une autre mesure dans l'œuvre de Jean Baudrillard.
L'effet Veblen
On déduira des concepts de gaspillage de temps et de biens l'effet Veblen. En économie, cet effet fait référence à un paradoxe, plus le prix d'un bien augmente plus sa consommation augmente aussi. Cet effet concerne avant tout les classes aisées, mais l'exemple des vêtements de marque auprès des jeunes moins favorisés est aussi une bonne illustration de l'effet Veblen.
L'institutionnalisme américain
Au-delà de son ton sarcastique et caustique, Veblen est aussi le fondateur du courant de pensée économique dit de l'institutionnalisme américain, dont les thèses seront prépondérantes aux États-Unis dans les années 1920 et 1930. Son article Why is Economics not an Evolutionary Science?, publié en 1899, peut être reconnu comme le texte fondateur de la pensée de Veblen mais également de la totalité de la pensée institutionnaliste, en ce qu'il décrit les grands principes d'une économie évolutionnaire s'opposant aux thèses marginalistes. Plusieurs points, que Veblen développera lors de ses écrits postérieurs, ressortent clairement : le rejet de la conception hédoniste de l'individu proposée par le marginalisme, la critique des «préconceptions de normalité» suivant lesquelles l'évolution tend obligatoirement vers un équilibre stable prédéfini, l'obligation de partir d'une étude du comportement humain, des facteurs le déterminant et de leur évolution etc. Pour Veblen, une institution est une "habitude de penser" dont la science économique se doit d'étudier l'évolution.
L'évolutionnisme
Veblen est en particulier le premier économiste à avoir tenté d'intégrer dans les sciences sociales les apports du darwinisme, tout en se démarquant radicalement du darwinisme social. Outre le darwinisme, Veblen a aussi puisé la majeure partie de son épistémologie dans la philosophie pragmatiste américaine, surtout celle de Charles Sanders Peirce, et s'est aussi appuyé fortement sur les apports de la psychologie sociale de son époque, telle qu'elle ressort des écrits de William James (d'autre part philosophe pragmatiste et ami de Peirce) et de William McDougall.
Le développement social et les ingénieurs
Pour Veblen, l'économie peut expliquer le développement social. Ainsi, les institutions de l'économie sont traversées par deux instincts de base, l'instinct artisan et l'instinct prédateur. Par l'instinct artisan, l'homme s'enrichit au travers de son travail, au travers de la domestication rationnelle de la nature. Cependant, par son instinct prédateur, le genre humain veut déposséder autrui de ses biens et des résultats de son travail.
Au contraire de énormément d'autres économistes, Veblen ne voit pas dans la bourgeoisie industrielle un moteur pour la société. Ceux-ci vivent du succès de l'industrie, mais ils n'utilisent pas ces profits de manière socialement durable. Mais Veblen pense que le changement peut malgré tout provenir de l'industrie, il est potentiellement incarné par les ingénieurs. Ces experts devraient prendre le contrôle de l'industrie qui est dans les mains d'irresponsables, les propriétaires.
L'université
De par son analyse de l'institution académique, Veblen est aussi reconnu comme l'un des fondateurs de la sociologie des sciences. Pour Veblen, l'université permet de la reproduction des classes sociales plutôt qu'à la connaissance. Dans son ouvrage The Higher Learning In America, Veblen dénonce l'influence indue de la religion et de la pensée conservatrice au sein d'une institution qu'il aimerait être vouée à la culture du savoir. L'université corrompt valeurs, orientations et idéaux que la société étasunienne lui avait donnée. Cette corruption de l'enseignement est introduite par la fraude et les spéculations financières opérées par les administrations des universités.
Quelques œuvres de Veblen
(Liste non exhaustive)
- Theory of the Leisure Class (1899)
- Theory of Business Enterprise (1904)
- The Instinct of Workmanship and the State of Industrial Art (1914)
- The Higher Learning In America (1918)
- The Engineers and the Price System (1921)
Citations
- «La théorie des droits naturels de propriété fait de l'effort productif d'un individu autosuffisant et isolé, la base de la propriété qu'on lui attribue. Ce faisant elle oublie qu'il n'y a ni isolement ni auto-suffisance de l'individu. Toute la production est , en fait, une production grâce à la communauté, et la richesse n'est telle qu'en société.» The American Journal of Sociology, novembre 1898.
- «Dans les premières décennies de l'ère des machines, celles des précurseurs, il a été vrai, en gros, comme on le voit, que la routine habituelle de l'administration de l'industrie consistait à chercher de nouvelles méthodes ainsi qu'à accélérer la production au maximum de ses capacités.» The Engineers and the Price System.
- «Les experts, techniciens, ingénieurs [... ] forment l'état-major indispensable du dispositif industriel. Sans leur contrôle immédiat et leurs corrections éventuelles, le dispositif industriel ne fonctionne pas. [... ] Jusqu'ici ils ne sont pas encore groupés même de loin en une force de travail autonome [... ] mais ils sont en position de faire le pas suivant» Ibid
- «Le désir de disposer d'un plus grand confort et de se mettre à l'abri du besoin, voilà un mobile qui se trouve à l'ensemble des stades du processus d'accumulation dans une société industrielle moderne; cependant, ce qu'on peut appeler à cet égard le niveau de suffisance est à son tour profondément affecté par les habitudes de rivalité pécuniaire.» Theory of the Leisure Class.
Bibliographie
- Debouzy M. (1972), «Le capitalisme sauvage aux Etats-Unis 1860-1900», Éditions du Seuil.
- Denis H. (1996), «Histoire de la pensée économique», Presses Universitaires de France.
- Diggins J. P. (1999), «Thorstein VEBLEN», Princeton University.
- John Dos Passos, «La coupe d'amertume» (biographie de Thorstein Veblen), in : La grosse galette, 1936 (T. 1 p. 144-160 dans l'édition Livre de poche)
- Dowd D. F. (1977), «Thorstein VEBLEN, a critical reappraisal : lectures and essays commemorating the hundredth anniversary of VEBLEN birth», Greenwood Press.
- Gislain J. J. Steiner P. (1995), «La sociologie économique 1890-1920», Presses Universitaires de France.
- Heilbroner L. (1971), «Les grands économistes», Éditions du Seuil, p. 216 à 252.
- Krugman P. (1998), «La mondialisation n'est pas coupable», La Découverte.
- Lassudrie Duchene B. (1965), «La consommation ostentatoire et l'usage des richesses», in SFDEIS, novembre 1965.
- David Seckler : Thorstein Veblen and the Institutionalists. A study in the social Philosophy of economics. Londres, Mac Millan 1975.
- Raymond Aron : Avez-vous lu Veblen ? Introduction à Thorstein Veblen, Théorie de la classe de loisir, Tel Gallimard 1970 ISBN 978-2-07-029928-7
Liens externes
- (fr) Pertinences et impertinences de Thorstein Veblen : Héritage et nouvelles perspectives pour les sciences sociales Interventions économiques, numéro 36, 02/2007. Numéro entièrement consacré à Thorstein Veblen
- (fr) Fiche de lecture de "théorie de la classe de loisir" de Thorstein Veblen, pour un cours de DEA au CNAM (www. cnam. fr)
- (fr) Site de l'Association des Amis de Thorstein Veblen
Textes de T. Veblen
- (fr) De l'évolution du point de vue scientifique, 1908 (teluq. uquebec. ca)
- (fr) Des conséquences de la guerre sur le savoir érudit, 1918 (teluq. uquebec. ca)
- (en) The theory of the leisure class - Texte intégral sur Google Books
- (en) The Veblen Project nombreux ouvrages et textes de Veblen disponibles dans un format numérique (de. geocities. com)
- (en) Why is Economics not an Evolutionary Science?, Quarterly Journal of Economics, volume 12, 1898 (etext. lib. virginia. edu)
- (en) The Vested Interests and the Common Man (www. livropolis. com)
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La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 09/03/2010.
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